2e débat - Bush se réveille

blogules archives 20041009 Blogule rouge au 2e débat - Bush se réveille

Le débat-questions qui vient de s'achever cette nuit au "Missoura" (pour reprendre l'habile accent Bushesque) a connu deux périodes bien distinctes.

La première demi-heure voit Kerry poursuivre sur son rythme du jeudi précédent, mais en plus incisif - on lui avait reproché sa gentillesse. Dans les cordes, le Président sortant masque mal son désarroi. C'est reparti pour une nouvelle humiliation ?

Non car brusquement, au cours d'une tirade, Dubya se laisse emporter et crie presque comme pour chauffer la salle de l'un de ses meetings. Il vient de réaliser qu'il y a un public, que l'on peut aller vers lui, lui faire des clins d'oeil, et le voici enfin dans son élément. Il gache la superbe phrase choc que lui ont concocté ses spin doctors ("you can run but you can't hide") ? Peu importe, il la replace un peu plus tard et elle porte mieux.

Parallèlement, Kerry ne réalise pas ce qu'il se passe. Il tient sa feuille de route et ne réalise pas que son opposant a totalement glissé dans le registre affectif. Il parvient meme - un comble - à abandonner à son adversaire le territoire de l'éthique. Le challenger perd progressivement le rythme, et manque des occasions en or d'enfoncer son adversaire (quand il lui est demandé de promettre face à la caméra qu'il n'augmentera pas les impots pour les revenus de moins de $200.000, il s'exécute sagement sans rappeler le célèbre "read my lips" du papa Bush).

Au final: si sur le fond, Kerry maintient sa supériorité et renforce encore sa légitimité à diriger le pays, il semble avoir perdu ce débat sur le style et le charme, ce qui pourrait lui jouer des tours par la suite.

Sauf surprise, le 3e débat ne devrait pas changer la donne. La victoire se joue désormais totalement sur le terrain et là, avantage aux Républicains pour la puissance de feu : armes de désinformation massive pour les campagnes de dénigrement (Kerry évoque plutot des Weapons of Mass Deception), mobilisation au niveau de chaque county pour le draft. Pour éviter la catastrophe d'un 2e mandat Bush, Kerry doit assumer sa réputation de super "finisseur", et peut espérer un sursaut de civisme de l'Amérique modérée.