Tuesday

George II - Part I

20041113 Blogule rouge a George II - Part I
(réponse à la question "en quoi Bush nous a-t-il gâché l'année ?", pour reprendre la une de l'Express)

De toute évidence, Bush a gâché une opportunité historique : frappée dans sa chair le 11 septembre, l'Amérique avait derrière elle l'ensemble de la communaute internationale. Déchirée par les élections de 2000, la nation se ressoudait enfin. Le Président avait toutes les armes en main pour agir de facon responsable, légitime, pour conduire le monde avec sagesse mais détermination vers une nouvelle voie à la mesure des challenges du XXIe siecle.

Au lieu de cela, Bush a agi en leader du Moyen-Age et lancé une désastreuse croisade. En quelques semaines, il a déchiré son pays et le monde entier de facon totalement irresponsable et indigne.

Puisque l'homme le plus puissant du monde s'autorisait un discours radical et fanatique, tous les extrémismes ont pu se déchaîner. Brusquement, le fanatisme sortait de la clandestinité pour devenir "mainstream". Plus de tabous, place aux extrémistes, au racisme, a la haine. A l'impunité. Car le grand paradoxe, c'est que Bush veut nous faire croire qu'il punit les comportements déviants alors qu'il les encourage et les attise. Son discours exhorte à la fois et avec la même efficacite ses fidèles croyants et les rangs ennemis.

Je ne sais pas si vous étiez comme moi aux US quand la guerre en Irak a été déclenchée, mais jamais je n'ai ressenti une telle haîne à tous les niveaux de la société (en particulier dans le Sud où j'etais - Georgia, Louisiana). Pour la première fois, j'ai eu peur pour ce pays et ce qu'il allait devenir. Cette peur a été confortée par la suite : tous ceux que je connaissais et qui osaient formuler des reserves ou des critiques sur l'Administration Bush ont ressenti la haîne et le rejet aveugle de la majorité "patriote". J'ai aussi reçu ma ration de volée de bois vert mais j'ai eu le plaisir de constater que progressivement la propagande officielle perdait du terrain, les grands médias indépendants faisant même acte de contrition. Mais il était trop tard pour changer le cours des élections.

Si la guerre en Irak a clairement cristallisé le changement, celui-ci avait commencé bien avant, dès le début 2001. Je le ressentais à deux niveaux : un relativement distant (inflexion de la politique étrangère, négation des institutions et de la collaboration internationale...) et un autre beaucoup plus proche, dans mon travail au quotidien (détérioration du comportement des entreprises américaines, beaucoup plus agressives et à la limite de l'illégalite dans de nombreux cas - je ne parle pas ici du phénomène Enron & co mais des groupes avec lesquels j'étais en contact).

No comments: